This is my House / 2005

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(…)
Avec les technologies numériques, je m’intéresse à la façon dont on peut concevoir une interface. Par exemple, pour This is my House, j’ai travaillé avec plusieurs chercheurs et ingénieurs de l’Ircam : Frédéric Bevilacqua, Rémy Müller et Emmanuel Fléty, qui ont conçu un système de captation sur mesure pour la chorégraphie, comprenant un logiciel permettant d’analyser certains aspects du mouvement. Pour la machine, j’ai composé une partition, avec tout un système de règles agissant sur les données chorégraphiques pour les modifier.
Dans mon travail, le numérique a souvent pour vecteur la partition, laquelle traduit à la fois une idée de mouvement, de pensée et de corps. Le numérique est une extension, un prolongement, qui nourrit la relation. C’est aussi une espèce de garde-fou : si, dans la vie, on peut se faire des illusions, s’automanipuler, s’aveugler, l’extension numérique permet au contraire un étalonnage franc, rationnel. On se confronte du coup à une certaine « fiabilité » de la machine. Ainsi, dans This is my House, les cinq danseuses travaillent sur la condition de l’harmonisation des souffles et des durées. Elles pilotent, par leur souffle et par de lents mouvements,– grâce au système de captation développé par l’Ircam –, les processus de modification de la partition chorégraphique, qui s’affichent sur des écrans LCD placés en hauteur. Le toucher est plus juste quand les souffles sont en harmonie : en respirant ensemble, les danseuses prennent conscience de la globalité du corps de l’autre et lorsqu’elles le touchent, elles sentent ses appuis ; elles vont alors vraiment à sa rencontre. Quand le pourcentage d’harmonisation du souffle est grand, elles rentrent en contact. Cette gradation est donnée par la machine et permet de générer les partitions lues et interprétées en direct par les danseuses. Atteindre cet objectif était difficile, surtout au début des répétitions, mais avec l’aide de l’informaticien qui donnait aux danseuses le pourcentage d’harmonisation des souffles, nous y sommes arrivés.
C’était plus lié à l’écoute de l’autre qu’à une forme de compétition. Cette précision implacable de la machine clarifie la relation entre les danseurs.

Patch – La revue du centre des Écritures Contemporaines et Numériques / N°09 Février 2009
Extrait des propos de Myriam Gourfink recueillis par Philippe Franck et Clarisse Bardiot

EN

(…) Myriam Gourfink has developed a demanding and personal choreographic body of work, drawing on a precise way of writing inspired by Rudolf Laban. Based on yoga and respiration control, her approach inscribes the living process in an almost hypnotically slow space-time which goes against a culture that is ruled by speed an zapping. Myriam Gourfink works in close collaboration with composer Kasper T. Toeplitz, who constructs sound-spaces in real time, as well as with computer scientists, in order to explore, with the help of both dancers and digital devices, micro-movements in an intense synergy of mind and body. The goal of this research is to invite performers, via an open score, to create the dance together with the choreographer.

(…) What interests me in digital technologies is the thinking behind software. For instance, in This is my House, I worked with several IRCAM researchers and engineers : Frédéric Bevilacqua, Rémy Müller and Emmanuel Fléty, who designed a tailor-made capture software for the choreography. For the machine, I have composed a score with a whole system of rules acting on choreographic data to modify them.
In my work, digital technologies are often led by the score, which translates an idea of movement, mind and body at once. Digital technologies are an extension, a prolongation, which nurtures the relationship. It is also a safeguard : if, in life, we can delude, manipulate and blind ourselves, the digital extention ensures, on the contrary, frank and rational calibration. We are confronted with a certain « reliability » of the machine. Thus, in This is my House, the five female dancers work to harmonize breathing and duration. Through breathing and slow movements, they can – thanks to a sensor system – pilot the modification processes of the choreographic score that is displayed on LCD screens placed up high. The sense of touch is more accurate when breathing is harmonious : breathing together, the dancers become aware of the entirety of each other’s body and when they touch it, they can feel its supports ; in this way, they really meet each other. When the breathing harmonization percentage is high, the score invites them to enter into contact. This graduation is given by the machine and allows the generation of the scores that the dancers read and interpret in real time. It was difficult to attain that goal, especially in the beginning of the rehearsals, but with the assistance of the programmer who was giving the dancers the breathing harmonization percentage, we made it. It had more to do with listening to each other than with being in competition. This implacable precision of the machine clarifies the relationship between dancers.


Interviewed by Philippe Franck and Clarisse Bardiot.
Patch – Center for Contemporary and Digital Script Review / N°09 February 2009.

CHORÉGRAPHIE
Myriam Gourfink

MUSIQUE
Kasper T.Toeplitz

DANSEUSES
Deborah Lary, Junko Saïto, Miyoko Shida, Verena Tremel, Véronique Weil

TRAITEMENT DES DONNÉES
Laurent Pottier

CONTRÔLE DU TRAITEMENT DES DONNÉES
Rémy Muller (IRCAM)

COSTUMES
Kova

CONSTRUCTION, LUMIÈRES, TECHNIQUE
Silvère

Coproduction LOL, Théâtre National de Bretagne – Rennes, Théâtre de Cornouaille – Quimper, Les Spectacles Vivants – Centre Pompidou.
Avec la participation du “Pôle Spectacle” de l’IRCAM-Centre Pompidou soutenu par la DMDTS pour le développement du système de captation du mouvement.
Avec le soutien du DICREAM, du Centre National de la Danse – Pantin.
La compagnie est soutenue par la DRAC Ile de France, Ministère de la Culture et de la Communication.